Friday, August 26, 2005

A scene at the sea

J'ai pris rendez-vous avec la mer pour me rouler dans le sable.
Elle m'a giflée de son vent furieux, carressée de son eau limpide, m'enveloppe doucement.
Le sel couvre mes lèvres: cette brûlure chuchote son nom en souvenir d'un temps perdu. Le son est amer. Sa douceur mortuaire.
L'écume est dans mes cheveux comme un oubli gracieux.
L'union avec le ciel m'assourdit: le silence est vaste comme l'eau de là bas.
je me perds dans cette danse sans limite. Maman, je t'en remets au vent.

Samadhi, ça me dit

Dans 20 ans, quand on sera vieux
Ensembles, ridés, moches mais heureux
On riera bien des déboires amoureux
Bêtises de l'enfance, caprices sans enjeu

Au lieu de cela on vivra à la montagne
Tout près du mat de cocagne
La vie sera énergie, joie, oubli
du corps qui complètement flétri

Nous plongerons l'autre dans l'un
Dans une absolue sérénité
Et l'Amour n'ayant plus de faim
Sera pour nous Eternité

Respiration et liberté

Je ne veux pas respirer l'air conditionné
Car je vis dans l'amour inconditionnel

Je ne veux pas respirer l'air vicié
Car je fuis le vice des infideles

Je ne veux pas respirer l'air frelaté
Car la cervoise me fait chavirer

Je ne veux pas respirer l'air enfumé
Car ils envahissent ma liberté

Je ne veux pas respirer l'air stressé
Car leurs tensions me coupent de la divinité

Alors?

Je me bouche le nez...

Ecriture est Sensation

Lorsque ma plume rencontre une feuille blanche, elle grave à jamais des mots, des phrases et ma pensée. Lorsque l’encre tache, ma main droite est juste derrière, je sens depuis le cerveau à mon épaule, la force d’une énergie vitale qui va graver. Ma main souffre de cet effort physique, entre les bosses et l’encre répandue sur le majeur acharné. Le geste douloureux a toutefois une forme d’élégance, alliance subtile d’une contraction et d’un relâchement. Les lettres dansent.

Déséquilibre des forces, seule la gauche de mon cerveau est sollicitée ? Peut-être.
Inconsciemment, je sais que tout cela est irrémédiable et mon moi attentionné censure un peu cet élan créateur. Censure un peu, beaucoup, passionnément. Car ce qui est donné ne peut être repris. Ce qui est sorti de moi l’est à jamais.

Lorsque j’écris avec de l’encre, je grave, je rature, je barre droit ou en vagues rageuses. Ma feuille ressemble rapidement à un brouillon d’œuvre d’art abscons, prêt à être jeté aux ordures ménagères. Il faut recopier car le désordre scriptural nuit à la clarté de la vision. Mais les lettres elles-mêmes et leurs formes irrégulières, personnelles, profondes ou pas, rondes ou pas, élevées ou basses me parlent aussi. La vie se glisse tant dans les sons que dans l’écriture elle-même.

Je prends l’ordinateur japonais pour recopier, les doigts noircis à l’encre de Chine. Les deux mains sur le clavier, chaque doigt à sa fonction, son groupe de lettres. Equilibre et immatérialité. La distance à l’écran est grande comme le lâcher prise. Pourquoi se retenir quand tout peut être effacé ? Les mots n’existent pas, ils n’ont pas de matière. Les lettres ne sont pas les miennes et pourtant…

Les doigts courent sur le clavier avec l’inspiration puis se collent, endormis par l’hésitation. Les articulations ne semblent plus répondre et le geste est effort. Puis, le corps entier reprend son souffle. Perte de l’énergie vitale dans son ensemble car tout azimut j’ai la tête dans l’écran.
Le son des lettres qui claquent est agréable mais ce n’est pas la musique d’une plume qui caresse sensuellement une feuille vierge. Le dépucelage est ici beaucoup plus propret, pas de tache ni d’éclat. Impersonnalité du geste? Je ne saurais dire.

Légende hindoue

Une vieille légende hindoue raconte qu'il y eût un temps où tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Le grand problème fut donc de lui trouver une cachette.

Lorsque les dieux furent convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, ils proposèrent ceci: "Enterrons la divinité de l'homme dans la terre."

Mais Brahma répondit: "Non, cela ne suffit pas, car l'homme creusera et la trouvera."

Alors les dieux dirent: "Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans."

Mais Brahma répondit à nouveau: "Non, car tôt ou tard, l'homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu'un jour, il la trouvera et la remontera à la surface."

Déconcertés, les dieux proposèrent: "Il ne reste plus que le ciel, oui, cachons la divinité de l'homme sur la Lune."

Mais, Brahma répondit encore: "Non, un jour, l'homme parcourra le ciel, ira sur la Lune et la trouvera."

Les dieux conclurent: "Nous ne savons pas où la cacher car il ne semble pas exister sur terre où dans la mer d'endroit que l'homme ne puisse atteindre un jour."

Alors Brahma dit: "Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme: nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c'est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher."

Depuis ce temps-là, conclut la légende, l'homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, exploré la lune et le ciel à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.